Le Cabo-Verde

Au 15ième siècle, alors que le Pape déclarait que la Terre était plate et qu’il menaçait d’empieutage ceux et celles qui oseraient penser le contraire, des Portugais avaient un projet.

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Ils cherchaient à by-passer les Vénitiens et quelques riches marchands arabes qui contrôlaient la marine marchande en Méditerranée. Ces derniers monopolisaient la Route de la Soie et celle des Épices.

Pour faire aboutir leur projet, les Portugais devaient trouver une route maritime permettant de traverser ou de contourner l’Afrique vers l’est. Ils réussirent finalement à découvrir et à dépasser le Cap de Bonne-Espérance. Ils s’établirent ensuite à Goa, à Ormuz, au Malabar…

Pour ce faire, en navigant vers le sud, ils découvrirent d’abord Madère, celle-là même où le commandant Piché a manqué de gaz. Cette ile est demeurée portugaise. Puis les Canaries que Christophe Colomb et autres conquistadores espagnols ont ensuite utilisées comme escales vers l’Amérique. Ces Canaries sont devenues espagnoles sur décision du Pape.

Enfin, les Portugais découvrirent les Iles du Cap-Vert qu’ils utilisèrent comme escales pour contourner l’Afrique.

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Alors voilà, le Cap-Vert est une ancienne colonie portugaise. Au début donc une escale puis au 16ième siècle, ces iles changent de vocation économique pour devenir un formidable entrepôt et centre de distribution d’esclaves. Comme Amazon à Toronto. Des groupes d’arabes blancs et même des groupes noirs visitaient les villages africains et ramenaient sur la côte tout ce qui bougeait sauf les vieilles. Ils déplaçaient ainsi leur butin vers les acheteurs blancs européens, par exemple sur l’ile de Gorée au Sénégal puis sur les iles du Cap-Vert.

De là, il était plus facile de former des lots à vendre au prix du gros, puis de placer la marchandise sur les tablettes bien étroites des navires négriers pour traverser l’Atlantique. Il y avait bien sûr des pertes mais les survivants assuraient un bon profit. Le Brésil portugais reçut à lui seul plus d’esclaves (estimation de 3,5 millions) que les USA et les Antilles réunies.

Vers 1800, après l’abolition graduelle de la traite des esclaves, l’économie du Cap-Vert périclite et acquiert de plus en plus une réputation de repaire de pirates au chômage, de lieu de retraite de marins ivrognes et de refuge de voyageurs paumés, le tout mêlé à des descendants d’esclaves. Cette réputation n’est plus du tout justifiée aujourd’hui et c’est là que vous irez lors de votre prochain voyage…

L’archipel du Cap-Vert compte dix iles dispersées dans l’Atlantique à 600 km au large du Sénégal. Une ancienne colonie portugaise devenue indépendante en 1975 seulement, après une sanglante répression des Portugais du dictateur Salazar. À cette époque pas si lointaine, l’Europe n’était pas encore entièrement civilisée…

Ces iles sont le prolongement du désert de la Mauritanie, ce qui les rend plutôt désertiques, avec des sécheresses qui peuvent durer assez longtemps et créer des famines importantes. On dit aussi que naissent au Cap-Vert les ouragans qui iront ensuite frapper les Antilles. Et qu’il reçoit en contrepartie des tempêtes de sable venues du Sahara. Selon Wikipédia, «Sur l’échelle du développement humain de l’ONU de 2012, le Cap-Vert se classait au 132ième rang sur 164 pays, après l’Indonésie (121) mais avant le Sénégal (154) et Haïti (161) ».

On aborde cet archipel par le nord à Sal ou par le sud à Praia (la capitale). On peut venir de l’Europe ou de Dakar. Il faut savoir que le nord est plus développé touristiquement et mieux pourvu en transport inter-iles. Certaines régions de Sal et de Boa Vista seraient même déjà assez bétonnées.

Chaque ile a son relief particulier, sa personnalité, ses nuances de couleur de population, son créole. La forme de développement de chaque ile a déterminé sa population : blancs immigrés et paysans au nord; esclaves et prostitution dans les iles au sud. Même les curés y ont laissé leurs marques et certains enseignaient un catéchisme dont il manquait quelques pages : ils ne pouvaient se marier mais avaient des enfants. Un curé de Cidade Veilha (Praia) en aurait ainsi eu cinquante (50).

Le transport maritime de passagers entre les iles est assez déficient, surtout au sud. Il est préférable de prendre un avion régional (TACV). Cette compagnie a la réputation de faire des retards. Ne cédulez pas vos connections trop serrées. Il n’est pas souhaitable de penser à faire plusieurs iles, vous perdriez votre temps en transports. Planifiez plutôt d’arriver à Praia ou à Sal et d’en faire une autre. En deux semaines, nous avons fait Santiago (Praia) et Maio.

Procurez-vous un bon guide de voyage et choisissez votre ile avec soin et selon vos attentes.

 

Voici quand même quelques notes sur Santiago et sur Maio.

Santiago et Praia

On dit que cette ile est celle qui a reçu le plus d’influence de l’Afrique. Car la moins éloignée du continent et placée sur la route des marchands d’esclaves. Et aussi le fait que des esclaves évadés se soient réfugiés hors de la ville et qu’ils aient réussi à s’établir.

La capitale n’est pas grande mais cool, avec une courte autoroute entre l’aéroport et la ville et des troupeaux qui broutent sur l’accotement. Le centre historique est cool aussi et bien tenu. Si on est logé pas loin du centre, on peut faire ça à pied. Il n’y a rien de spécial touristique, donc 2 ou 3 nuits en revenant de Maio suffiraient. On peut quand même se rendre en minibus public à Cidade Velha, village négrier historique.

Nous avions loué au noir un énorme pick-up qui sentait l’huile crue et le diesel. Ça nous a permis d’aller fouiller des chemins ruraux vers des plages au nord de l’ile. Mais on aurait pu aussi aller en bus à Tarrafal pour apprécier la route rurale qui traverse l’ile.

En ville, vous aurez deux choix :

– le petit centre-ville normal et tranquille pour connaître la vraie vie locale, ce que nous avons choisi à l’arrivée
– le vieux-quartier nommé Plato où on peut apprécier la vie de soirée de congé, avec terrasses, petits hôtels et boutiques, que nous avons choisi à la fin du séjour

Voici des suggestions de bons logements :

  • L’appartement Airbnb de Faron, un jeune américain cool dont les ancêtres blancs viennent de Santiago. Il opère un circuit de minibus public qui ronne à l’huile de cuisson, peut louer un véhicule, loue cet appart
  •  La Marea : petit hôtel bien tenu et bien situé à Tarrafal
  •  Pousada Praia Maria : petit hôtel très correct sur rue piétonne et terrasses. Mieux situé que l’appart de Faron mais pas les services et infos touristiques. Attention, il y a là deux hôtels Maria. Ne pas se tromper…

 

Le reste de l’ile Santiago :

Une route centrale agréable traverse l’ile vers le nord jusqu’à Tarrafal, 60 km. Prenez le temps de la faire, avec des arrêts, pour visiter ces petits et gros villages pas misérables du tout. Pour l’exotique, nous avions ce super pick-up qui nous a amenés dans des embranchements spectaculaires agricoles ou dédiés aux pêcheurs.

Je me souviens encore de cette plage qu’on ne voit que sur Google Hearth que nous avions essayé de rejoindre via les pistes d’une hacienda. Avec au bout de la piste un hameau sans rues, juste des maisons de pierres placées serrées dans le désordre le plus total. Et piétonne…

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Ou aussi de ce minuscule village de pêcheurs en bas d’une falaise, appelé à déménager à cause des risques de tsunami provoqué par l’ile voisine. Les scientifiques ont calculé qu’il y a déjà eu là une vague de 170 mètres (sic) de hauteur…   Et faut dire aussi que la pêche n’est pas bonne sur l’ile, à cause de l’importante profondeur de l’eau qui ne donne pas de nourriture aux poissons. Les pêcheurs doivent se déplacer de longues heures pour atteindre certains spots, ordinaires en plus…

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Les autres iles ?

L’archipel compte dix iles. Chacune a sa personnalité. Et la distance entre chacune est importante. A vous de choisir sans faire d’erreurs sur vos attentes et dans les transports. Comme mentionné plus haut, nous sommes arrivés par le sud à Santiago et la capitale Praia. De là, nous avions deux voisines, l’Ilha do Fogo et Maio.

Ilha do Fogo (l’ile de feu)

Allez voir sur Google Hearth : vous verrez que l’ile est en fait un volcan entouré de sa lave. Ce serait un paradis pour la randonnée mais pas très habité. Les deux vont ensemble. Mais nous avons préféré une autre ile, Maio.

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Cette ile n’est pas plus habitée que Fogo. C’est en fait un grand tas de sable avec un petit village principal peuplé de bon monde et entouré de gringos respectables. Et quelques hameaux dispersés. On commence à y bâtir des villas et condos pour personnes assez riches, principalement des Allemands connaisseurs, qui conçoivent d’y passer l’hiver tranquille. Une forme de tourisme pas très équitable, mais si c’est vous qui avez le cash…

On rejoint cette ile en avion car le service de bateau pour marchandises n’est pas régulier.

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Le village offre quelques dépanneurs bien pourvus pour se faire la cuisine avec de la viande et des produits congelés. Mais c’est un approvisionnement acceptable. Et bof, c’est les vacances !!!

ET LES PLAGES !!! Alors là !!! Puisque l’ile est assise sur un soc de lave, c’est solide, avec à l’occasion un peu de relief bas. Puisque c’est un tas de sable, il y en a beaucoup !!! Par exemple, la plage au sud du village principal doit mesurer dans les sept km. Et déserte !!! Pour circuler autrement qu’à pied, on peut trouver des vélos, ou pour les plus fortunés, des ATV 4 roues. Et même des taxis.

Pour des détails plus colorés sur l’ile, allez voir ma carte postale sur l’Atlantique africain.

Pour un hébergement, nous avions loué un condo dans une villa dans le complexe Stella Maris . En fait, le rez-de-chaussée d’une grande villa, directement sur la piscine et avec vues. Superbe, équipement un peu frugal mais acceptable. Complexe récent de 20 villas. Navette collective vers l’aéroport. A 45 $us la nuit…

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En résumé, au Cap-Vert pour un circuit de 14 jours, nous avions fait :
– arrivée de Dakar
– une nuit ou deux nuits à Praia au centre-ville
– aller à Maio pour plusieurs jours en vacances
– retour et visite de l’ile de Santiago en pick-up ou en voiture ou en bus jusqu’à Tarrafal
– derniers jours sur la rue piétonne cool du vieux-Praia à l’hôtel hôtel Praia Maria
– retour à Dakar pour la suite du voyage

 

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